La Détesteuse

Un jour, la mère de Faustine lui a lancé un couteau. Mais quand, comment, pourquoi – elle n’en est plus tout à fait sûre…

«  Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé : rien. Comme si cette zone de ma mémoire avait échappé au contrôle de la caméra.  » Et pourtant, la caméra a beaucoup filmé. Suivant le fil d’Ariane d’une traînée de fiel, La Détesteuse parcourt l’entrelacs de mille vidéos familiales, comme on plongerait dans une mémoire aux souvenirs emmêlés. Les scènes domestiques, sous l’œil suspicieux du spectateur, deviennent autant de pièces à conviction, déformées par l’anticipation du drame à venir : on y cherche ce moment précis où le ver s’est logé dans le fruit. La caméra est partout, omniprésente, insistante : elle a forcément raison. Mais que croire, alors, de la scène traumatique dont on n’a pas d’images ? (Tom Brauner)